Après des siècles d’humiliation dus à l’esclavage et la colonisation; après la ségrégation pour certains et la dictature pour d’autres, voir le fils d’un noir et africain de surcroît , prendre contrôle de la Maison Blanche représentait l’ultime signe que l’heure où la couleur de la peau prédisposait notre classe sociale était maintenant révolu. Tout était maintenant possible !
Tout d’un coup on était en droit d’espérer que cette vague d’espoir qui a réalisé ses promesses au pays de l’oncle Sam continue son chemin jusqu’au plus petit des villages africains.
Il n’en est rien ! Pendant que les puissances mondiales se concentrent pour trouver des solutions pour sortir du marasme économique causé par leurs financiers, les dirigeants africains ont décidé de prendre un virage à 180º pour retourner aux politiques de l’après indépendance faites de forte militarisation et de surpression de droits d’expression et d’opposition tout court !
Après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle au Gabon, partout en Afrique on crie au scandale et : On accuse !
La France est pointée du doigt ; « mort aux français » voilà le nouveau slogan à Port-Gentil !
De Kinshasa à Londres passant par Yaoundé, Lomé et Paris, la blogosphère et la société civile (une autre création limitée africaine…) protestent contre la main basse de l’Élysée sur le processus électoral au Gabon. Quelle surprise !
Tout ceci est plein de naïveté ! Il est vrai que le Gabon qui regorge d’immenses réserves de pétrole est très important pour la France. Plusieurs compagnies françaises dont TOTAL y sont implantées, et ont pour longtemps contribué au maintien du régime Bongo et en retour ont profité de gros contrats. La France comme à son habitude ferait tout pour protéger ses intérêts au Gabon, et nous sommes tous d’accord que cela rime avec continuité : c'est-à-dire Ali Bongo.
Ceci dit, le Gabon en général et l’opposition gabonaise en particulier a raté l’occasion de reprendre en main son destin. En étant incapable de présenter un seul candidat, l’opposition laissa ainsi s’ouvrir une brèche pour un candidat sans soutient populaire dans un scrutin à un tour. Une fois de plus comme au temps de nos ancêtres, Divide had ruled : La division n’a été productrice que de déboires.
Quand est-ce que les africains apprendront-ils à se surpasser pour l’intérêt général ?
Au regard des informations recueillies par certaines sources sur le territoires gabonais, il est aujourd’hui clair que l’élection gabonaise n’est pas seulement une mascarade mais un hold-up car ; malgré sa division, l’opposition aurait accumulée plus de voix que l’héritier désigné. D’où la question pourquoi est-il si facile pour Ali de mater son peuple? Il n’a même pas eu recours aux miles soldats français près à tout pour préserver le pré carré français…
Mandela parlait du manque de direction chez les dirigeants africains ; mais l’opposition gabonaise manque tout simplement d’organisation ! Elle a été incapable de suivre les exemples venus du Sénégal et de la Côte d’Ivoire où dès que l’opportunité s’est présentée, le peuple a su de manière engagée et surtout organisée descendre dans la rue pour protéger son vote et sa volonté.
Malheureusement, dix ans après les évènements d’Abidjan, les ivoiriens sont toujours à la quête de la démocratie car ils avaient très vite été rattrapé par le concept identitaire qui est un mal peut être présent dans notre ADN. Le vent de démocratie qui semblait alors soufflé sur l’Afrique en a pris un coup. Les coups d’Etat sont de nouveau à la mode et les enfants des dictateurs succèdent à leurs pères.
Cette tragédie n’est cependant pas une fatalité car des pays comme Le Ghana et la majorité des pays de l’Afrique australe démontrent que : Oui nous sommes capables de mettre sur pied des institutions qui fonctionnent, pour pouvoir vivre dans un contexte de liberté, justice et de prospérité.
Lucien Dissake
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